Deux cinéastes cherchent à évoquer la problématique de la cohabitation délicate entre l’homme et la vie sauvage. Des forêts d’Europe au hauts plateaux éthiopiens, leur enquête les mène à la rencontre de deux espèces qui divisent; le loup gris commun -Canis lupus lupus- et le loup d’Abyssinie -Canis simensis-, le carnivore le plus menacé d’Afrique.
«Qui a peur du grand méchant loup ?» : La chanson populaire composée par Frank Churchill en 1933 pour le court métrage d’animation des studios Disney «Les trois petits cochons», s’appuyait sur quelques décennies de superstitions, de croyances populaires négatives et erronées, sur la nature d’un animal longtemps incompris.
Alors qu’humains et loups vivaient en symbiose depuis des millénaires, la croissance démographique exponentielle de la race humaine, couplée à sa sédentarisation et au développement intensif de l’agriculture et de l’élevage de rente, enterrèrent le pacte de non agression.
La chasse de ce «mangeur d’homme» conduit sa population d’Europe occidentale à son extinction locale. En 1871 le dernier loup indigène de Suisse est abattu au Tessin. Il faudra attendre près de 120 ans pour l’observer à nouveau sur notre territoire. Son retour, néanmoins, suscite jusqu’à nos jours et près de trente ans après, émoi, passion et de vives divisions au sein de la population.
C’est dans ce climat de cohabitation inextricable que Cédrik Strahm et Martin Ureta ont grandi. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Quels sont les raisons qui ont poussé nos aïeuls à exterminer par milliers, un animal pourtant réputé farouche et craintif de l’homme ?
C’est dans le Parc National du Mont Balé sur les hauts plateaux éthiopiens qu’ils emmènent le spectateur à la découverte du loup d’Abyssinie, le canidé le plus menacé au monde. Au cœur d’un contexte géopolitique délicat, dans un pays à la croissance démographique importante, leur situation fait écho à celle du loup de nos contrées. En allant à la rencontre des populations locales, en Suisse et en Éthiopie, ils tracent certains parallèles, afin de mieux cerner les enjeux d’une lutte qui semblait jouée d’avance.
À travers un récit honnête et authentique, à mi-chemin entre l’aventure immersive et l’enquête de terrain, les protagonistes dépeignent la situation critique d’un animal emblématique. En se basant sur des faits concrets
étayés par des témoignages scientifiques, ils invitent à se poser certaines questions sur cet promiscuité fragile, néanmoins nécessaires à l’équilibre de nos écosystème respectifs.